„Agir local, penser global!“Telle est la devise ayant continuellement animé Thierry et Tatiana, depuis la création de leur association en 2002. Lui est francais, elle est moldave. Ensemble ils ont décidé de développer un nouveau concept en Moldavie : celui de l'éco tourisme.
Des villages désertés et des habitants parfois livrés à eux-même
Pour connaitre la Moldavie, il ne suffit pas de séjourner dans la capitale. La campagne moldave révèle en effet une tout autre image. Elle séduit autant qu'elle ne surprend, dégageant au coeur de ses villages un mélange de chaleur humaine et de sentiment de désolation. Le pays a en effet souffert de la chute de l'URSS et de la brusque ouverture de son économie au marché mondial. Contraints de se reconvertir, beaucoup de travailleurs urbains ont migré vers la capitale ou à l'étranger, laissant dans les campagnes, enfants et retraités qui peinent aujourd'hui à maintenir un niveau de vie décent.
Le village d'Horodiste, future destination éco-touristique
Situé à environ 90 kilomètres au nord-est de Chisinau, le village d'Horodiste ne déroge pas à la règle. Avec ses falaises abruptes fissurées de cascades et ses collines verdoyantes s'étendant à perte de vue, la région a de quoi séduire ses visiteurs, surplombant la rivière du Nistru qui marque la limite avec la Transnistrie. À l'intérieur du village se dégage une ambiance dynamique et conviviale. Les 850 habitants d'Horodiste se targuent en effet de possèder une mairie, une école maternelle et primaire, une bibliothèque et une assistante sociale. Toutefois, sur les 380 maisons formant le village et reliées entre elles par des chemins de terre, la moitié seulement posséde le téléphone, 1/3 est alimentée en eau courante et 6 seulement disposent d'un véhicule. Les enfants se rendent à l'école à pied, parcourant pour certains plusieurs kilomètres chaque jour. C'est après avoir visité ce village que Thierry et Tatiana ont décidé d'y investir leur temps et leur argent. Grâce à des subventions, l'association Vent d'Est a en effet pu racheter l'ancienne école, aujourd'hui laissée à l'abandon, pour y construire une éco-pension.
Un projet ambitieux et une réalisation à la moldave
Le principe de l'éco-pension est simple : accueillir les visiteurs, moldaves ou étrangers, au sein du village, afin de leur faire découvrir la cuisine locale et les traditions du pays. En août 2011, deux jeunes architectes francais sont venus effectuer un stage de fin d'étude auprès de l'association. Ils ont ébauché les plans du futur habitat : trois ans de construction et un budget de plusieurs milliers d'euros s'avèrent nécessaires pour parvenir à rénover l'ancien bâtiment scolaire et à le transformer en sorte de gite-étape. Celui-ci comprendra des dortoirs accueillant des groupes d'animation et des chambres individuelles pour les visiteurs de passage. Se voulant respectueuse de l'environnement, la structure devrait être équipée de toilettes sèches et de chauffage au bois. Elle offrira aussi une salle de vie commune et un réfectoire dans lequel les pensionnaires pourront goûter les produits locaux, issus de l'agriculture environnante et cuisinés par le personnel de l'éco-pension, lequel sera directement embauché parmi les habitants du village.
Dans l'ensemble, le projet semble avoir été bien accueilli par les villageois. Beaucoup d'entre eux se sont même rangés du côté de Thierry et Tatiana dans la bataille administrative opposant le couple à la mairie. Car en Moldavie comme ailleurs, élaborer un projet financier nécessite du temps et un certain talent dans l'art de la négociation. Il a fallu expliquer aux différents acteurs impliqués ce que signifiait le terme d'éco-tourisme. En effet, à l'inverse du tourisme de masse, défigurant les milieux naturels, ce nouveau concept se veut solidaire, contribuant au développement durable et à l'économie locale. Pour les agriculteurs d'Horodiste, cela implique la volonté de voir à long terme et de s'auto-développer plutôt que de se laisser porter par l'espoir de recevoir une quelconque subvention. Or ce type de comportement s'accorde-t'il à la mentalité moldave? L'association Vent d'Est l'espère car si l'éco-pension fonctionne, les bénéfices qu'elle pourrait engendrer permettraient d'engager d'autres actions semblables.
Les autres projets de Vent d'Est
Aujourd'hui propriétaires d'un restaurant dans la capitale, Thierry et Tatiana ne comptent pas s'arrêter là. Depuis leur emménagement en Moldavie en août 2010, l'association a en effet connu un regain d'énergie. Elle envisage à présent une série de projets plus ou moins ambitieux. L'un d'eux par exemple consiste à parrainer des enfants issus de la campagne moldave afin de les soutenir jusqu'à l'achèvement de leurs études. Depuis le 14 novembre 2011, un troisième parrain a ainsi pu être trouvé. Il permettra à la jeune Marina d'effectuer des études de médecine, rêve qu'elle caressait depuis son enfance sans trop oser y croire. Hormis cela, l'association organise régulièrement des séjours à thème pour les enfants des villages. L'éco-pension d'Horodiste donnerait enfin à Vent d'Est deux nouvelles perspectives : organiser des stages de formation pour les agriculteurs et développer la production de sirops et confitures, fabriqués au village. Accueillant déjà régulièrement des groupes de volontaires et stagiaires, l'association cherche continuellement des personnes désireuses d'aider et se rendre utiles. Alors, si le concept d'éco tourisme vous correspond, venez faire un tour à Horodiste.
article rédigé par Marion Roussey, publié sur moldavie.fr
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