La CEDH a rendu son verdict le mardi 30 avril. Elle
condamne l'Ukraine pour la « détention illégale et arbitraire » de
Ioulia Timochenko. Figure incontournable de la révolution orange,
l'ancien premier ministre avait été incarcéré en août 2011 pour abus de
pouvoir. Sa libération devrait lui permettre de réintégrer la scène
politique. Elle réveille également de vieilles cicatrices qui divisent
le pays en profondeur.
La décision rendue par la Cour européenne des droits de l'homme était très attendue. Elle vient bouleverser les règles du jeu politique de l'Ukraine, en autorisant la sortie de l'ombre d'une ancienne opposante. La « plus célèbre détenue de l'ancien régime soviétique » vient d'obtenir la condamnation de son pays par la CEDH, qui a reconnu à l'unanimité le caractère illégal et arbitraire de la mesure de détention provisoire.
Atteinte aux droits de l'homme et instrumentalisation politique
Introduite le 10 aout 2011, la requête de Mme Timochenko invoquait
principalement les atteintes à l’article 3 , concernant les traitements
inhumains ou dégradants, l’article 5 prônant le droit à la liberté et à
la sureté, l’article 8 relatif au droit au respect de la vie privée et
l’article 18 concernant la limitation de l’usage des restrictions aux
droits de la Convention européenne des droits de l’homme. Parmi ces
différents griefs, la Cour a retenu quatre violations du droit à la
liberté. Elle a en revanche rejeté les plaintes de la détenue concernant
les traitements inhumains. Ioulia Timochenko semble pourtant avoir subi
une dégradation de son état de santé, l'ayant empêchée de se rendre aux
procès en appel et devant la Cour de Cassation. Elle était apparue en
2012 portant des traces de coups et des hématomes.
Les Juges de Strasbourg estiment par ailleurs que le droit à la liberté de l'opposante politique a été restreint pour d'autres motifs que ceux invoqués par les différents tribunaux chargés de l'affaire. Depuis le déclenchement de la procédure pénale à son encontre en avril 2011, Ioulia Timochenko dénonce en effet une vengeance déguisée émanant de son ancien rival, l'actuel Président Viktor Ianoukovitch. Les militants de son parti critiquent quant à eux une tentative d'instrumentalisation politique de la justice ukrainienne. Son avocat et ses proches exigent à présent le respect de la décision internationale et sa libération immédiate. Incarcérée depuis août 2011, l'ancienne première ministre purge en effet une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir. Depuis sa défaite aux élections présidentielles de 2010, les plaintes à son encontre n'ont cessé de se multiplier.
Les Juges de Strasbourg estiment par ailleurs que le droit à la liberté de l'opposante politique a été restreint pour d'autres motifs que ceux invoqués par les différents tribunaux chargés de l'affaire. Depuis le déclenchement de la procédure pénale à son encontre en avril 2011, Ioulia Timochenko dénonce en effet une vengeance déguisée émanant de son ancien rival, l'actuel Président Viktor Ianoukovitch. Les militants de son parti critiquent quant à eux une tentative d'instrumentalisation politique de la justice ukrainienne. Son avocat et ses proches exigent à présent le respect de la décision internationale et sa libération immédiate. Incarcérée depuis août 2011, l'ancienne première ministre purge en effet une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir. Depuis sa défaite aux élections présidentielles de 2010, les plaintes à son encontre n'ont cessé de se multiplier.
Entre les pro-russes et les pro-occidentaux, l'Ukraine peine à définir son identité
Le gouvernement ainsi que l'actuel Président issu du Parti des
régions, Viktor Ianoukovitch, accusent l'ancienne chef de file de la
révolution orange d'avoir signé en 2009 d'importants contrats sur le gaz
avec la Russie. Surnommée « la Princesse du gaz » Ioulia
Timochenko a en effet pendant longtemps dirigé la compagnie des systèmes
énergétiques unis d'Ukraine, apparaissant comme la troisième femme la
plus puissante du monde selon le classement du magazine Forbes en 2005.
Condamnée à deux reprises pour abus de pouvoir, elle est actuellement
jugée pour une affaire de fraude fiscale et a par ailleurs été inculpée
de complicité d'assassinat de l'ancien député Yevhen Chtcherban en 1996.
Accusations fondées ou stratégies visant à museler une
opposition pro-occidentale devenue gênante? La décision rendue par la
CEDH plonge le gouvernement ukrainien dans une situation délicate.
Soucieux de se rapprocher de l'Europe, Kiev espère en effet pouvoir
conclure en novembre un accord d'association avec l'UE, laquelle fait du
respect des décisions émanant de la CEDH un préalable à toute entente
possible. La libération de Ioulia Timochenko semble donc indiscutable.
Elle soulève toutefois de nombreuses contestations parmi les députés
pro-russes, aujourd'hui majoritaires au Parlement.
Dimitru, un étudiant ukrainien que nous avions déjà rencontré à Kiev en janvier 2012 a accepté de partager son point de vue. Il avait assisté aux manifestations organisées devant le Parlement suite à l'arrestation de l'opposante politique. Travaillant comme guide touristique, l'étudiant pro-européen n'hésite pas à glisser au cours de la présentation de la capitale, quelques allusions furtives sur la situation politique. "Le retour de Ioulia Timochenko fait peur aux dirigeants politiques. Elle est contestée par le pouvoir en place mais une bonne partie de la population la soutient. Ce sont majoritairement des jeunes et des personnes qui souhaitent que la situation politique change. Pour moi, il y a deux problèmes majeurs en Ukraine : les inégalités sociales et la corruption."
article rédigé par Marion Roussey et publié sur le Journal International
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