Un référendum doit avoir lieu les
10 et 11 mars prochains concernant le statut politique des îles
malouines. La mesure est censée mettre un terme aux conflits
opposant l'Argentine au Royaume-Uni. Elle réveille en réalité de
vieilles blessures entre les deux pays, entamées sur fond de
colonialisme et qui se poursuivent aujourd'hui dans un contexte
géopolitique mondial.
La colère monte à Buenos Aires. Le
gouvernement des Malouines, qui avait annoncé le 12 juin dernier sa
décision d'organiser un réferendum sur le statut politique des
îles, vient de préciser la date. Il aura lieu les 10 et 11 mars
prochains. Parmi les 3000 résidents, 1500 sont appelés à voter.
Ils devront répondre à la question suivante : „Souhaitez-vous que
les îles malouines conservent leur statut politique actuel de
territoire d'outre-mer du Royaume-Uni?“
Le résultat semble connu d'avance.
Face aux 29 résidents argentins recensés en 2012, une grande partie
des habitants de l'île est d'origine britanique. Ils ont exprimé, à
travers plusieurs sondages, leur volonté de conserver leur
appartenance à la couronne anglaise. Pour l'Argentine, ce réferendum
„n'a aucune valeur juridique car il va à l'encontre des principes
du droit international“. Dans une lettre ouverte adressée au
Premier Ministre britanique David Cameron, la Présidente de
l'Argentine demande en effet au Royaume-Uni de „mettre fin au
colonialisme et de respecter les résolutions de l'ONU“. Un appel,
diffusé dans différents pays par les voies diplomatiques et que
Londres semble fermement décidé à ignorer. Interrogé par le
journal Clarin, le Premier Ministre a affirmé être disposé à
recourir à la force pour maintenir le contrôle sur les îles.
Depuis la fin de la guerre en 1982, le Royaume-Uni assure en effet
une présence maritime permanente dans la zone, composée de navires
de guerre et sous-marins nucléaires.
La souveraineté et l'accès au
pétrole, sources du conflit
L'archipel des Malouines, dénommé
Falklands Islands en anglais, fait partie des 16 territoires non
autonomes placés sous la supervision du Comité de décolonisation
des Nations Unies. Celui-ci a adopté en 1965 une résolution pour
inciter les deux pays à entamer des négociations. Mais pour le
gouvernement local et le Royaume-Uni la situation est sans équivoque
: l'île est britanique. Situé dans l'océan atlantique à 460
kilomètres des côtes argentines, l'archipel des Malouines a
successivement été occupé par des francais, des espagnols, des
argentins avant de devenir un territoire anglais en 1833. La Guerre
des Malouines, affrontant les deux pays du 2 avril au 14 juin 1982 a
entériné le conflit, générant 903 morts, dont 648 du côté
argentin. Une défaite cuisante pour l'Argentine, qui a contribué à
mettre fin à la dictature militaire de l'époque mais a laissé pour
les gouvernements démocratiques successifs un profond sentiment
d'injustice.
Aujourd'hui encore, le Royaume-Uni et
l'Argentine continuent de se disputer la souveraineté et l'accès
aux ressources de l'île. D'importantes reserves de pétrole ont en
effet été découvertes en 1993 et sont actuellement exploitées au
profit de l'économie britanique. Loin d'apaiser les tensions, le
référendum à venir semble avoir révélé les rivalités sur la
scène internationale. Selon le journal la nacion, la Présidente
Cristina Kirchner s'est en effet lancée dans une campagne
anti-réferendum à travers le monde. Elle en appelle aux pays
membres du Mercosur ou du Comonwealth susceptibles de la soutenir, de
ne pas assister au scrutin en tant qu'observateurs. Une prise de
position à l'échelle mondiale qui dépasse les résultats du
référendum lui-même.
article publié sur le Journal International
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