Le nouveau pape vient d'être élu,
mercredi 13 mars. L'archevêque argentin Jorge Mario Bergoglio prend
la succession de Benoit XVI, introduisant pour la première fois dans
l'histoire de l'église catholique la présence d'un pape
sud-américain, jésuite et portant le nom de Francois. Une élection
placée sous le signe de la rupture qui a provoqué la surprise
générale dans le monde entier. Elle revêt notamment une grande
importance pour les pays d'Amérique latine. En Argentine, le nouveau
pape inspire à la fois enthousiasme, prudence et contestations.
„Habemus Papam“. Les 115 cardinaux,
réunis en concave dans la chapelle sixtine, ont élu le nouveau
pape, après quatre tours de scrutin et deux jours de concertation.
La nouvelle, annoncée par le cardinal francais Jean-Louis Tauran,
s'est accompagnée de l'émission de la traditionnelle fumée blanche
et du retentissement des cloches de l'église Saint Pierre. L'ancien
archevêque argentin Jorge Mario Bergoglio prend la succession de
Benoit XVI suite à sa démission officialisée le 28 février
dernier. Il est le 266ème pape de l'histoire de l'église. Sa
nomination a provoqué la surprise, bien qu'il se soit déjà placé
deuxième derrière Joseph Ratzinger en 2005. Parmi les fidèles
réunis sur la place du Vatican, beaucoup ignoraient la nationalité
du nouveau pape, comme le rapporte le journal la nacion. Les
argentins présents sur place ont célébré l'événement dans
l'euphorie.
Âgé de 76 ans, le nouveau pape a
lui-même opté pour le nom de Francois, encore jamais porté par ses
prédecesseurs et qui pourrait avoir été choisi en hommage à
Francois d'Assise. Premier pape issu d'un continent autre que
l'Europe, sa nomination incarne la rupture. Elle reflète l'insertion
des pays émergents et l'importance croissante reconnue à l'église
catholique d'Amérique latine. Il est par ailleurs le premier Jésuite
à occuper ces fonctions, signe de réconciliation au sein de
l'église catholique. La „compagnie de Jésus“, fondée par
Ignace de Loyola en 1534, a en effet eu des relations parfois
difficiles avec le Vatican.
En Argentine l'annonce de l'élection
du nouveau pape a fait grand bruit. Les programmes de télevision ont
été suspendus pour montrer les images en direct pendant que les
réseaux sociaux s'emplissaient de commentaires. Des milliers de
catholiques se sont réunis sur la place de mai à Buenos Aires pour
célébrer l'événement. À la maison rose, l'information a été
accueillie avec prudence. Le gouvernement kirchneriste a déjà eu
plusieurs affrontements avec le nouveau pape, l'église et plus
généralement le Vatican, notamment sous Jean-Paul II. Comme le
rappelle le journal Clarin, Jorge Mario Bergoglio s'était
ouvertement opposé à la légalisation du mariage gay en 2010,
mesure qu'il considérait comme „une manoeuvre du diable“,
appelant à une lutte d'ordre politique contre „ la destruction du
plan de Dieu“. Il s'est de même toujours opposé à la question de
l'avortement, actuellement illégal en Argentine.
Sa position conservatrice va-t-elle
influencer la vie politique et sociale d'Amérique latine? Alors que
le continent se remet lentement de la mort de Hugo Chavez (plusieurs
pays ont observé un deuil national de plusieurs jours), l'élection
d'un pape argentin pourrait avoir de lourdes conséquences sur la
politique interne et externe des pays d'Amérique du sud. Elle
devrait en effet renforcer le poids de l'église et des partis
conservateurs dans des pays où la religion bénéficie déjà d'une
influence considérable.
Selon le journal Clarin, le pape
Francois est percu comme un homme humble et proche du peuple. À
peine élu, il a déjà imposé son style de vie, payant sa chambre
d'hotel à Rome pour „donner l'exemple“ et refusant d'emprunter
la voiture papale. „ Il s'est toujours montré très impliqué
au service de son pays et de Buenos Aires, explique
sa soeur María Elena. Lorsque j'ai su qu'il avait été
élu, je ne pouvais pas le croire. Il n'a jamais semblé vouloir
vraiment devenir pape.“
Peu après son élection, le pape
Francois a rapidement été accusé dans la presse internationale
d'avoir participé à la dictature militaire, ayant sévi en
Argentine de 1976 à 1983. On le soupconne de ne pas avoir soutenu et
protégé deux hommes d'église sous sa hiérarchie, détenus et
torturés par les militaires. L'information n'est cependant pas
confirmée. Elle provient d'une accusation rendue publique en
Argentine avec la parution en 2010 d'un article du journal Pagina
12 regroupant une série de témoignages à l'encontre de
l'ex-archévêque. Le Vatican dément l'information et dans son livre
autobiographique „el Jesuita“ Bergoglio se défend : „j'ai
fait ce que j'ai pu avec l'âge et le peu de relations que j'avais
durant cette période de dictature“ affirme-t-il.
Le nouveau pape Francois célebrera sa
messe inaugurale mardi prochain. Comme le souligne un article paru
dans les échos, il hérite de la lourde charge de guider les
quelque 1,2 milliards de fidèles dans le monde. Il devra par
ailleurs affronter la crise actuelle que traverse l'église
catholique, critiquée notamment depuis l'affaire Vatileaks ainsi
que les scandales ayant éclaté au sein de l'IOR et de la banque du
Vatican.
article rédigé par Marion Roussey et publié sur le Journal International
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